Quel avenir pour le Centre-Ville ?

1 - La municipalité de Bergerac a rendu public les résultats d’une enquête dite de « grande concertation » sur le centre-ville, commandée à un cabinet privé avant l’été. Pourquoi avez-vous exprimé des réserves sur les résultats communiqués lors du dernier conseil municipal du mois de novembre ?
Les prochaines élections municipales approchent. Le maire prépare son bilan. Voici donc venu le temps des études commandées à des cabinets privés. Je suis choqué que ce type de démarche puisse être possible dans un contexte pré-électoral. Dois-je rappeler que la « grande concertation » a couté plus de 40.000 euros aux frais des contribuables ?
Et comme si cela ne suffisait pas, on nous livre un « diagnostic commercial et stratégique de développement du centre-ville » qui m’apparait tout aussi partial que partiel. Ce n’est absolument pas surprenant puisque ce cabinet était chargé d’évaluer les propres recommandations qu’il avait formulées il y a quelques années.
Cette enquête semble donc destinée à valider le bien-fondé du programme de la municipalité « Cœur de ville » qui s’achève. Sa lecture n’offre ainsi aucune surprise. Tout va bien dans le meilleur des mondes ! Seules les attentes des acteurs publics sont prises en compte comme si l’objectif était de plaire aux élus pour les inciter à commander de nouvelles études. Ce ne sont que des recommandations verticales et descendantes sans prise en compte des besoins des habitants.
Finalement, le maire se gargarise d’une co-construction d’un projet alors qu’il se contente d‘entériner sa vision, exposée mois après mois, auprès d’un public familier des réunions d’information et d’un petit cercle d’initiés. Or, la vie et l’avenir du centre-ville sont l’affaire de tous les bergeracois.
2 - Le chantier de la place du marché couvert est terminé après avoir subi maintes avanies. Un nouveau projet de réaménagement de la place de la République est désormais annoncé. Des leçons ont-elles été tirées de cette précédente expérience ?
La rénovation des halles de Bergerac a été conduite de manière catastrophique. Ce seul secteur a mobilisé énormément d’argent public. Le bon sens était étranger à la démarche. Des solutions toutes prêtes, préfabriquées, ont été appliquées sans tenir compte des spécificités historiques, sociales et géographiques de ce lieu.
La conduite d’un tel chantier aurait mérité de prendre le temps d’écouter les besoins des divers acteurs (des commerçants par exemple) et de s’adapter aux différents usages, pour ne rien dire d’une communication régulière sinon hebdomadaire sur les avancées du chantier. Encore aujourd’hui, tout un chacun peut constater les travaux sans fin de réajustement : on recasse et on refait à la suite à d’oublis ou de malfaçons. Aucune leçon n’a donc été tirée.
La rénovation de la place de la République n’a jamais été annoncée dans le programme électoral du maire. Elle n’a fait l’objet d’aucune décision du conseil municipal. Comment en démocratie, un seul homme peut-il décider de tout ? J’ai donc demandé que nous prenions le temps de la réflexion, de la concertation des habitants, voir même d’organiser un référendum local pour connaître l’avis des bergeracois. Les prochaines élections pourraient même être l’occasion de trancher ce sujet. Mais non. Le maire a décidé. Je le regrette. Nous pouvions prendre du temps pour permettre aux commerçants de ne pas perdre la surface de stationnement indispensable à leurs activités. Et que dire de l’état de nos routes et de nos trottoirs ?
La place de la République mérite du temps et de l’intelligence collective. Son aménagement futur doit nous conduire à questionner son rôle et ses fonctions à l’échelle du centre-ville.
3 – A ce propos, comment instruiriez-vous ou redéfiniriez-vous le rôle du centre-ville ?
Un diagnostic commercial et stratégique devrait nous délivrer une vision critique et prospective et nous inciter à nous poser les « bonnes » questions. Or nous avons été le témoin d’une énumération de lieux communs et de louanges d’autosatisfaction sans présentation de perspectives d’évolution en lien avec l’économie et la sociologie actuelle de la ville et de ses usages.
Les pratiques du centre-ville de Bergerac ne sont plus celles des années 1980 et nous devons intégrer et assumer toutes ses spécificités actuelles. Comment ne pas constater que cette partie de notre ville est l’une des plus pauvres de toute l’agglomération ? Le stationnement payant y est un irritant majeur. Près de 700 logements sont dans un état d’abandon. La superficie moyenne des grandes surfaces par habitant dans l’agglomération est supérieure à celle de la métropole bordelaise. Le commerce par internet a explosé.
Aussi, dans les prochains mois, nous proposerons et partagerons une définition claire et adaptée des fonctions que doit remplir notre centre-ville à partir de quelques questions clés : quel centre-ville pour Bergerac et pour son agglomération ? S’agit-il d’une zone géographique limitée au tourisme ou ne devrait-il pas répondre aux attentes de l’ensemble de ses habitants ? Est-il attractif quand on habite hors de la commune, sur la rive gauche ou au nord de la voie de chemin de fer ? Les solutions de transports pour accéder au centre-ville sont-elles adaptées ?
L’attractivité du centre-ville ne peut pas être traitée uniquement sous l’angle de l’économie ou de sa dimension commerciale. Le centre-ville s’adresse à des consommateurs, à des habitants et à des citoyens.
Il est indispensable de faire prévaloir ces trois dimensions pour apporter les bonnes réponses. Nous y travaillons inlassablement avec les membres du collectif Bergerac Citoyen et avec tous les Bergeracois sollicités chaque semaine pour recueillir leurs avis.