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Le budget 2025 de Bergerac à la loupe

Le budget 2025 de Bergerac à la loupe Crédit photo : Bergerac Citoyen.

Pour le budget 2025  de la ville de Bergerac, le maire de Bergerac a refusé toutes nos propositions ! Le 19 décembre dernier, à l’occasion du vote du budget 2025, le maire de Bergerac a sans doute essayé de nous contraindre à lui faire un chèque en blanc. Alors que vous êtes si nombreux à nous faire part de votre incompréhension face aux choix d’investissements d’une municipalité coupée de vos réalités quotidiennes, les élus.es de la majorité ont adopté un simulacre de budget primitif dans un contexte d’incertitude exceptionnelle. Pour ce dix-huitième budget municipal sur lequel j’étais appelé à me prononcer, jamais cet exercice ne m’a paru aussi déconnecté des réalités que pour ce projet de budget 2025. Par ailleurs, et comme à son habitude, le maire de Bergerac n’a retenu aucune de nos propositions. 

 

L’insouciance municipale face au contexte national. 

 

La municipalité de Bergerac vit comme une sorte de principauté. L’argent public, en l’occurrence nos impôts, y coulerait à flot. S’enfermant dans sa propre insouciance, le Maire de Bergerac nous a appelé à voter un budget où ses projets de dépenses électoralistes ignorent les sombres perspectives de l’Institut National de Statistique et des Etudes Economiques. Ainsi, l’INSEE nous révèle que la dette publique française a atteint les 3 303 milliards d’euros à la fin du dernier trimestre 2024. Elle représente désormais 113,7 % de notre Produit Intérieur Brut (PIB). La dette publique française était de 1200 milliards en 2007. La France vit largement au-dessus de ses moyens. Cela ne vous rappelle pas notre commune ? Durant le seul dernier trimestre de 2024, l’endettement de l’Etat et des collectivités a progressé de 71,7 milliards d’euros. Les « Mozart de la finance » nous ont fait sombrer dans la cacophonie financière. 

 

Pour Bergerac, nous proposons la prudence budgétaire. Le maire refuse.

 

 A ce jour, la France n’a toujours pas de budget. La loi spéciale adoptée en urgence par l’Assemblée Nationale et le Sénat nous permet tout juste d’éviter le shut down et le blocage des administrations. Comprenez bien que cette incertitude financière a des conséquences budgétaires pour les communes qui doivent préparer leurs budgets. L’Etat est un gros pourvoyeur de dotations et de subventions. Notre ville dépend à plus de 70% des subventions de l’Etat ou d’autres collectivités. Or nous ne connaissons pas les termes de l’engagement de l’Etat. Nous ne mesurons pas l’incidence des restrictions budgétaires adoptées par le Conseil régional. Nous ignorons les choix budgétaires du Département. Nous n’avons pas encore débattu des orientations budgétaires de notre communauté d’agglomération (la CAB).

 

Nous avons proposé de reporter le vote du budget au premier trimestre 2025, comme cela se pratique dans la plupart des communes. Le Maire de Bergerac exige de ses élus.es un chèque en blanc alors qu’il n’est même pas en mesure de nous présenter un compte administratif 2024 qui nous permette de connaître l’état exact de nos finances. Il fait des hypothèses de recettes alors que l’Etat annonce la suspension de toute subvention nouvelle pour des opérations qui n’ont pas été encore engagées. Il est indispensable d’attendre l’adoption de la loi de finance et des choix budgétaires qui seront actés. Par ailleurs, nous ne disposons même plus de l’appui d’un directeur général des services. C’est une situation inédite dans une commune de notre importance. Pas moins de trois directeurs généraux des services se sont épuisés à la tache depuis le début du mandat.  C’est encore sans précédent dans notre ville. Dans ces conditions, j’ai considéré que notre proposition récurrente d’attendre le premier trimestre 2025 pour adopter le budget municipal de Bergerac était une exigence de bon sens et de bonne gestion. Le maire a refusé notre proposition.

 

Nous avons proposé la neutralité fiscale. N’étant doté d’aucune qualité de voyance, il n’était pas possible de croire en la sincérité du budget 2025 tel qu’il nous a été présenté. Je combats en revanche la seule certitude financière dont nous disposons : les impôts locaux à Bergerac augmenteront encore à minima de 2% en 2025. Nous proposons la neutralité fiscale de la commune par une baisse équivalente du taux d’imposition sur le foncier bâti.  Le maire refuse cette proposition

 

Nous avons proposé le désendettement de la commune. Notre triste réalité est celle d’un budget municipal 2025 bâti à la hâte. Pour cette nouvelle année, nous atteindrons le niveau record de près de 22 millions d’euros de nouveaux emprunts (hors lignes de trésorerie) contractés par la seule municipalité Prioleaud, depuis le début de sa mandature. La politique active de désendettement de la commune initiée par son prédécesseur a été stoppée. Avec 31,5 millions d’endettement, Bergerac fait figure de mauvaise élève pour la Chambre Régionale des Comptes. Nous considérons que notre endettement devrait être réduit à 26 millions d’euros, pour être dans la norme des communes équivalentes et pour ne pas vivre au-dessus de nos moyens. Le maire refuse cette orientation.  

 

Sacrifier l’humain sur l’autel de l’investissement

 

La municipalité annonce fièrement sa « maitrise des dépenses réelles de fonctionnement ». Elle entend afficher son « effort particulier sur les dépenses de personnel ». Or, vous vous en doutez, une réalité bien plus politique se niche derrière cet habillage technocratique. Pour financer ses réalisations de prestige, la municipalité a fait le choix de dégrader le service public municipal, de détériorer le service au public bergeracois, d’affaiblir le tissu associatif en décourageant des bénévoles et d’épuiser le contribuable bergeracois. Il ne s’agit pas de s’opposer à un projet de budget mais de faire comprendre que nous n’en partageons pas l’esprit. Ils sacrifient l’humain sur l’autel d’un investissement le plus souvent déconnecté des préoccupations quotidiennes des bergeracois : 500.000 euros pour les écoles contre 1,5 millions pour casser la place de la République et 2,4 millions pour le Centre de la Photographie. Les travaux de prestige se concentrent sur un tout petit périmètre. Près de 10 millions d’euros sont injectés pour créer une vitrine touristique (Musée, Centre de la Photographie, Halle) dans le quartier le plus pauvre de toute l’agglomération et où 700 logements sont à l’abandon. 

 

L’aumône pour les écoles.  Il faut attendre la dernière année du mandat pour qu’un plan école soit annoncé en catastrophe. 500 000 euros débloqués par un jeu de passe-passe budgétaire là où il faudrait cinq fois plus pour rattraper les retards. Le maire remplace une école par un centre de la photographie. Il y déménage par sa seule volonté un presbytère pour créer une salle de prestige à Dordonha. Comment ne pas oublier le sacrifice humain de la fermeture des écoles Romain Roland et du Pont Roux, le bouleversement des rythmes scolaires pour gagner des jours de fermeture des écoles… C’est cela sa « maitrise des dépenses réelles de fonctionnement ». 

 

Réhabiliter la RA Montesquieu et supprimer les gardiens de nuit. Il faut attendre la dernière année du mandat pour que des travaux de réhabilitation soient engagés sur le résidence autonomie Montesquieu. Mais c’est oublier un peu vite que ces travaux ne remplaceront pas la présence humaine sacrifiée par la suppression des postes de gardiens de nuit remplacés par des systèmes payants de téléassistance. C’est oublier aussi que ces travaux ne sont pas le fruit d’une volonté politique mais d’un simple opportunisme de subvention grâce à la CARSAT et l’Etat. 

 

Malaise chez les employés municipaux et recrutement d’un directeur artistique. La déshumanisation se traduit encore par une politique municipale aveugle de réduction des effectifs qui oblige à desserrer un peu la pression en cette dernière année de mandat. La Mairie recrute, il est vrai, un directeur artistique pour son Centre de la Photographie. Pendant ce temps, le malaise social dans les services techniques est dévoilé par la presse locale et les personnels des écoles se sont mises en grève… du jamais vu. La Mairie investit dans des logiciels métiers. Il mise sur la polyvalence où tout le monde remplacerait tout le monde. L’humain est une variable d’ajustement. Personne ne sera surpris qu’un troisième Directeur Général des Services ait jeté l’éponge. 

 

Des éclairages de Noël plus que du matériel de propreté. La municipalité investit beaucoup dans le bling-bling mais, à force de vouloir séduire les touristes, elle en oublie le quotidien des Bergeracois.es. Bien entendu, chacun aura remarqué à quel point Bergerac a brillé de mille feux pour les fêtes de Noël. Au moins, pour certaines rues chanceuses, ces éclairages permettront d’éviter les chutes sur des trottoirs catastrophiques ou sur une déjection canine.  Et ce sera encore plus le cas pour Noël 2025. En 2025, le maire de Bergerac a souhaité investir plus sur de nouvelles illuminations de Noël (35 000 euros pour un mois) que sur du matériel de propreté (30 000 euros pour une année).

 

Des projets sacrifiés pour financer la place de la République et le Centre de la Photographie. Ce budget 2025 bouscule enfin la programmation pluriannuelle d’investissement. Il faut lancer coûte que coûte la nouvelle lubie pré-électorale de destruction de la place de la République et achever le Centre de la Photographie. Pour y parvenir, combien de promesses auront été abandonnées ou reportées à la charge de la future municipalité ? En voici une première liste non exhaustive. 

 

-          La restauration des rives de la Dordogne prévue entre 2022 et 2024 est reportée en 2027. 

-          Le réaménagement de la place Barbacanne et du square Marcel Guichard (la Madeleine) a été abandonné comme ce quartier et la rive gauche. 

-          La rénovation du quartier de la gare prévue pour fin 2024 a été abandonné. 

-          Que dire de l’ouverture des Nouvelles Galeries pour la coupe du monde de rugby de 2023 ?

-          Que dire de l’état d’avancement du plan trottoirs sur Bergerac ?  

-          La salle multi activité de l’école du Taillis / Cyrano de Bergerac (encore la rive gauche) a été dévoyée de son utilisation scolaire pour être utilisée exclusivement en salle municipale de remplacement suite à la destruction de la salle Anatole France et de la suppression de la salle Louis Delluc.

-          Le projet de salle du quartier Arc en Ciel (le Barrage) abandonné dans la programmation pluriannuelle. 

-          Le grand projet de « super dojo » dédié à tous les sports de combat sur le site de l’ancienne piscine de Picquecailloux a été abandonné. On parle d’un couvert de pétanque. 

-          L’achèvement de la restauration de l’Eglise Notre Dame, commencée en 2009, est reporté au mandat électoral suivant. Il aura fallu plus de temps pour la restaurer que pour la construire. 

-          La requalification de l’ilôt Berggren à la Madeleine lancée en 2013 sera inachevée à la fin de ce mandat. 

-          La coulée verte dont on nous annonçait l’achèvement à la fin du mandat est reportée à 2027.

 

Toutes ces promesses et ces orientations figuraient noir sur blanc dans la programmation pluriannuelle d’investissements proposée par le maire de Bergerac encore en 2022. Comment voulez-vous faire confiance à une telle équipe ? 

Voici pourquoi, en responsabilité et soucieux de l’intérêt général, il nous fallait voter contre ce projet de budget 2025. 

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