Les raisons d'un courrier.

Le 28 janvier dernier, Fabien RUET a saisi la Direction Régionale des Affaires Culturelles, considérant un certain relâchement municipal dans le suivi patrimonial sur des chantiers emblématiques. Ce courrier était l'occasion de demander des mesures d'archéologie préventive sur des zones emblématiques de la ville, tout en attirant l'attention sur certaines zones de vigilance.
Au nom d'une certaine légitimité.
Comme vous le savez, la ville de Bergerac possède un patrimoine historique important qu’il convient de protéger et de valoriser. Elu au conseil municipal depuis 2008, Fabien Ruet a eu l’honneur d’encadrer notre candidature au label Ville d’Art et d’Histoire jusqu’à son obtention en décembre 2013. En 2009, il s'est efforcé de mener à bien la première campagne de restauration de l’église Notre Dame, classée monument historique. Cette campagne est d’ailleurs toujours inachevée à ce jour, et à l’arrêt en 2025. Aux côtés des services de la DRAC, la restauration complète de l’orgue de l’église Saint-Jacques a été accomplie. Sous son impulsion, nous avons aussi expérimenté la mise en œuvre des musées de plein air autour de la Halle du Marché-Couvert pour retracer l'histoire du site, autour de la restauration de la turbine hydroélectrique de la rue des Fontaines ou encore avec la valorisation des vestiges du Moulin de Piles. Il a toujours veillé scrupuleusement à ce que toutes les opérations d’archéologie préventive soient facilitées dans leurs conduites comme lors de la campagne de restauration de la culée de l'ancien pont autour de la place Barbacanne ou lors des travaux rue de la Résistance. Aujourd'hui, la conduite de certains projets municipaux laisse apparaître que la protection du patrimoine est insuffisamment prise en compte par la municipalité actuelle.
De la Maison Leydier au Marché-Couvert.
Deux réalisations récentes nous ont démontré que la valorisation patrimoniale n’était pas intégrée au cahier des charges de ces chantiers. Rue neuve d’Argenson, sur une parcelle jouxtant l’hôtel de ville, « la maison LEYDIER » de la fin du 18ème siècle était une propriété communale. Malgré des façades remarquables et une mobilisation citoyenne pour les préserver, l’édifice a tout simplement été démoli. La bâtisse a été remplacée par un îlot minéral et végétal sans âme particulière. Malgré des annonces municipales, aucune référence à l’histoire du site n’a été préservée.
Par ailleurs, dans le cadre du programme cœur de ville, la rénovation du Marché-Couvert ne s’est nullement préoccupée de la mise en valeur de la halle de type BALTARD. Après un chantier qui a connu bien des vicissitudes, la dimension patrimoniale de la halle et de la place qui la jouxte a été ignorée. Les pavements et les matériaux utilisés n’ont aucun lien avec le patrimoine bergeracois. Les références à l’histoire du site liées à l’ancien temple protestant et aux vestiges de la villa gallo-romaine ont été supprimées, nous éloignant encore du cahier des charges de notre labellisation Ville d’Art et d’Histoire.
Des incertitudes patrimoniales.
Aujourd’hui, une activité intense de démolition est menée dans les locaux de l’ancienne école Romain Rolland, fermée par décision de l’actuelle municipalité. Cet établissement scolaire de type « Jules FERRY » est situé en plein centre –ville. Construite en 1906 dans l’état d’esprit de la loi de séparation de l’église et de l’Etat, cette école était initialement destinée à l’éducation des jeunes filles. Après avoir été fermée en 2021, sa transformation en presbytère et en centre de la photographie est en cours. Une fois encore, il est possible de douter que le caractère de ce bâtiment subsiste après les travaux, quand bien même du mobilier scolaire sera conservé dans les salles d’exposition ; une salle de classe de la République muséifiée, chacun jugera du symbole.
Par voie de presse, nous avons appris que la commune envisageait de vendre le site emblématique des « Grands Moulins ». Il est situé en face du port. Il doit être transformé par des particuliers à des fins de logements. Bien qu’élus.es du Conseil municipal, nous n’avons aucune information. Aucun.e élu.e municipal.e de l’opposition ne siège dans les intenses consultatives relatives à la protection du patrimoine. Là encore, il semblait primordial d’attirer l'attention de la DRAC pour que l’aspect extérieur de ces bâtiments soit préservé afin d’en conserver les volumétries et les façades. Les « Grands Moulins » restent une signature architecturale qui caractérise l’identité de notre vieille ville. Nous ne disposons d’aucune garantie quant au devenir de ce site dès lors qu’il quitterait le giron public.
Enfin, Fabien Ruet a souhaité particulièrement attirer l'attention sur deux chantiers qui doivent débuter prochainement et pour lesquels il nous semble indispensable de ne pas négliger les fouilles archéologiques pour progresser dans la connaissance de notre histoire urbaine et préserver notre patrimoine.
Une double demande d'archéologie.
Le premier chantier concerne la place de la République et la fontaine devant le Palais de justice. Il est prévu tout d’abord de démolir cette fontaine alors que le rafraichissement en ville par différents moyens doit être prioritaire. Sur la place, elle-même, qui est un parking déjà ombragé par de nombreux arbres, le projet d’aménagement de la municipalité consiste à supprimer une grande partie des places de parking et d’y créer un espace végétal. Ce projet a été présenté en commission de Site Patrimonial Remarquable. A notre connaissance, 3 membres sur 4 se sont abstenus. La place de la République possède un parking souterrain sur une partie de sa surface. Une première campagne de fouilles avait permis de progresser sur la connaissance du couvent des Carmes et de dévoiler un vestige d’un éperon des remparts de Bergerac. Considérant les projets d’aménagement de la municipalité relatifs notamment au creusement d’un bassin de récupération des eaux sur la partie restante de la place, il nous semble indispensable qu’une phase de fouilles archéologiques préventives puisse être conduite.
Le deuxième chantier concerne enfin l’îlot Bourbarraud. Il est situé entre la Grand-rue et la rue Bourbarraud. Cet îlot est en état d’abandon depuis de nombreuses années suite à l’effondrement d’un bâtiment. Il est situé dans le centre commercial de la ville au sein des rues piétonnes. Il est prévu d’y construire des logements et de réaliser des aménagements urbains qui permettront de relier les deux rues. Il semble, là encore, que la plus grande vigilance s’impose quant à la conduite de fouilles archéologiques avant tout début de travaux, sur une partie relativement peu explorée jusqu’alors.
Alors que les droits des élu.e.s d'opposition sont limités par la volonté de la majorité municipale, il était important de saisir la DRAC de ces questions ; non seulement pour garder une trace officielle de ces inquiétudes mais parce que nous sommes très sensibles à la préservation du patrimoine historique de Bergerac. Nous ne voudrions pas que cette situation s’aggrave, alors que Jonathan Prioleaud ne tient compte d’aucune de nos remarques. Nous sommes très attachés au label Ville d’Art et d’Histoire. Nous avions pris d’ailleurs l’engagement de l’élargir au périmètre du Pays conformément à la condition de son attribution en 2013 ; encore sans suite à ce jour. Ce label est destiné aux Bergeracois.e.s. Il nous oblige.