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Etats d'abandon à Bergerac

Rue Eugène LEROY, immeuble à l'abandon suite à un incendie en juillet 2024. Crédit photo : FR

Lundi dernier, 10 mars, un élément de sécurité d’un bâtiment à l’abandon place des Deux-Conils s’est décroché. Ce fait divers pourrait en rester au stade de l’anecdote s’il ne mettait pas en évidence un laisser-aller municipal en matière d’urbanisme depuis près d’une dizaine d’années. La vérité est que le Maire de Bergerac et son inamovible adjoint à l’urbanisme regardent ailleurs. Ils sont trop préoccupés à donner satisfaction aux spéculateurs immobiliers dans le cadre du fumeux plan 1.000 logements et à mobiliser l’argent public sur des réalisations de prestige destinées principalement aux touristes. Cette inaction coupable porte atteinte durablement au bâti du Centre-ville où, rappelons-le, près de 700 logements sont vacants et/où à l’état d’abandon. Un immeuble qui menace péril met en danger la population et le bâti avoisinant. 

 

Un constat alarmant. 

 

En début d’année, la municipalité communiquait sur son opération emblématique Place Cayla. Elle était destinée à ne pas porter atteinte à la carte postale touristique du Vieux-Bergerac. Cette stratégie du contre-feux ne peut plus masquer l’accumulation des arrêtés de péril qui sont pris au grès de la vétusté irrémédiable de nombreux immeubles du Centre-ville : Rue des Fontaines, Rue Charbonnel, Place Gambetta, Rue Berggren, Rue Bourbarraud-Grand rue, rue Garibaldi, Place des Deux-Conils, Rue Neuve d’Argenson-rue des Cordeliers, rue Eugène Leroy, Rue de la Hallebarde, Rue du Maréchal Joffre-Rue Pierre Moulinier… 

 

Des politiques municipales au « point-mort ». 

 

Cette énumération sordide est le fruit d’une trop longue inaction. La municipalité en est réduite à dresser le constat des conséquences de son laisser-faire. La mobilisation de l’Etablissement Public Foncier (EPF) depuis 10 ans n’a abouti à aucun résultat tangible. La société d’économie mixte, Urbalys Habitat, a été mobilisée pour une cuisine centrale disproportionnée.  La restructuration des îlots Cordelier et Bourbarraud prévue en 2013 par la première Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat et de Renouvellement Urbain (OPAH-RU) est toujours au point mort. Que dire enfin de la procédure de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI) lancée rue Berggren en 2012 ? 

 

Pour la création d’un Observatoire Communal de l’Habitat. 

 

 Il est indispensable de mettre en œuvre un Observatoire Communal de l’Habitat sur Bergerac qui réunira l’ensemble des acteurs publics et privés du logement et de la construction. Il sera destiné à résoudre le problème des friches urbaines du Centre-ville de Bergerac. Afin de ne plus en rester au stade des simples arrêtés de péril, il est indispensable de lancer des procédures relatives aux bien en état d’abandon manifeste, suivant l’article 2243.1 du Code Général des Collectivités Territoriales, pour exproprier et lancer des opérations de construction et/ou de réhabilitation.  A ce jour, combien de constats dressés par le Maire ? Combien de procès-verbaux définitifs établis en vue de lancer les procédures d’expropriation ? La réponse est évidente alors que la Municipalité s’est perdue dans son bras de fer avec les Nouvelles Galeries, perdant de vue l’urgence à agir contre les friches urbaines. Mobilisons enfin les services municipaux sur la procédure relative aux biens sans maître, suivant l’article 713 du Code Civil en cas de propriétaire méconnu. Aucune délibération du Conseil municipal n’a été prise en ce sens. 

 

Il n’y a pas de fatalité. Une autre politique est possible. Encore faut-il en avoir la volonté. Aujourd’hui chacun peut se rendre compte d’un Centre-Ville en péril. 

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