Le stationnement payant ne connait pas la crise.

C’est un classique des dossiers du Conseil municipal : le rapport annuel sur la gestion du stationnement payant au centre-ville de Bergerac. Alors que la fréquentation du Centre-ville de Bergerac est en baisse, le contrat du stationnement payant n’a jamais été aussi rentable. Nous vous dévoilons des chiffres qui embarrassent la municipalité ; elle qui est si prompte à indemniser son gestionnaire du stationnement.
Comment ça marche le stationnement payant à Bergerac ?
Petit retour en arrière. Afin de faire construire le parking souterrain de la place de la République, la municipalité de Bergerac a confié en 2006 toute la gestion du stationnement payant (les horodateurs, les places, le parking Bellegarde, le parking souterrain des Carmes) à une société privée : la SAGS. Cela s’appelle une délégation de service public : la société empoche toutes les recettes du stationnement payant en contrepartie de quoi elle a fait construire le parking souterrain de la Place de la République. Cette délégation de service public devrait s’arrêter en 2038. Pendant 32 ans, la Ville n’a plus la main sur sa politique de stationnement. Cette très longue durée de délégation du service public s’explique en grande partie par une étude préalable qui avait démontré que la construction d’un nouveau parking souterrain n’était pas nécessaire au regard du nombre de places existantes sur Bergerac.
Une municipalité généreuse avec la SAGS.
Après le confinement lié au COVID, la municipalité a fait le choix d’indemniser cette société pour compenser ses pertes. Une précipitation et un choix qui ont de quoi choquer quand nous savons que le Maire de Bergerac refuse d’indemniser les commerçants du quartier du marché couvert pour réduire l'impact économique de sa gestion catastrophique du chantier des halles. 150.000 euros de subventions ont été attribués à SAGS. La municipalité a largement communiqué sur la gratuité du stationnement le samedi après-midi. Elle est beaucoup plus silencieuse sur les 90.000 euros de compensations financières versés avec nos impôts pour compenser le manque à gagner de la société gestionnaire des parkings. Bref, la SAGS ne connait pas la crise, et le Maire de Bergerac y veille.
Une activité très rentable.
A l’occasion du dernier conseil municipal, Fabien Ruet est monté au créneau, une nouvelle fois, pour démontrer que la SAGS disposait désormais d’une véritable « rente de situation » totalement « déconnectée de la fréquentation réelle » sur le stationnement en ville. En clair, cela veut dire que malgré une baisse de la fréquentation, ce contrat est rédigé de telle manière qu’il rapporte beaucoup à la société. Ainsi en 2022, la fréquentation globale a été en baisse ; ce qui illustre par ailleurs la crise qui touche globalement le Centre-ville de Bergerac. La fréquentation en zone orange diminue de 32%. La fréquentation en zone verte diminue de 29% (en comparaison à 2019, année de référence avant COVID). La situation est inquiétante place de la République avec une baisse de 14%. Et pourtant, le contrat de délégation de service public n’a jamais été aussi rentable., notamment grâce aux hausses successives de tarifs.
L’Excédent Brut d’Exploitation, l’EBE, permet de mesurer les ressources qu’une entreprise tire de son exploitation. A Bergerac, la SAGS enregistre un EBE de 898.670 euros, en 2022. Combien d’entreprises bergeracoises atteignent un tel niveau ? Il est possible de mesurer sa rentabilité notamment grâce au calcul de ce qu’on appelle le taux de profitabilité. Si ce taux est entre 30 et 40%, on dit qu’une entreprise est rentable. Pour SAGS, en 2022, à Bergerac ce taux est de 68.5% ! Le contrat est tellement rentable que l’entreprise est parvenue, malgré l’inflation moyenne de 7%, à réduire ses charges de 5% en 2022. Elle dispose d’une capacité à rembourser sa dette de moins de 5 ans. Son autonomie financière est de 31,1%.
A Bergerac, la gestion du stationnement payant ne connait pas la crise.